De l’autoportrait : connais-toi toi même…

« Connais-toi toi même, laisse le monde aux Dieux », gravée sur le fronton du temple de Delphes, Socrate a laissé à la postérité cette citation que nous utilisons encore.

Avec Haruki Murakami, je voudrais vous emmener là aussi un peu en Grèce et dans l’univers du marathon, plus exactement de la course à pied et de l’écriture. Et laisser aux Dieux le monde.

L’écrivain japonais connu pour ces récits oniriques qui mêlent réalité et intériorité, s’est livré à l’exercice de l' »Autoportrait de l’auteur en coureur de fond », titre d’un livre publié en 2011. Haruki Murakami fait parti de ces auteurs, qui mettant bout à bout des mots, exercent une pression amicale et sincère sur notre vie et notre discipline.

La discipline de l’autoportrait est un exercice difficile dans lequel il ne faut ni se livrer à la complaisance ni à la dévalorisation. C’est d’ailleurs le rôle du coach que de mener chacun à exprimer ce qu’il a de meilleur.

Dans un monde idéal, cet ouvrage serait lu et étudié dès les classes de première, même si sa lecture résonne plus avec l’âge et l’expérience. La course à pied n’y est qu’un prétexte pour parcourir le long chemin de la vie. La vie est injuste nous dit l’auteur, et parce qu’elle est injuste, autant travailler sur nos qualités. La course lui sert d’exemple : l’auteur ne se sent pas le meilleur, il se sait robuste mais pas le plus rapide, alors il court avec robustesse. Il pratique la course avec discipline, avec des entraînements réguliers, pour réaliser chaque année un marathon. Les courses sont des expérimentations pour se dépasser, aller au-delà, pour donner un sens à cette discipline de l’entrainement. Tout comme il peut le faire dans l’écriture et plus jeune dans sa boîte de jazz.

Et l’écriture ressemble aussi chez lui à un long marathon, le talent ne suffit pas, dit-il, pour durer, il n’a pas d’âge, mais une maturité ; il n’a pas de durée mais s’entretient et se travaille.

Disons-le, le livre s’épuise un peu sur la fin, mais je l’ai lu deux fois et à chaque fois j’en ai retiré un retour d’expérience personnel.

La première fois en 2012, j’avais déjà apprécié le livre et calé sur la fin. En période de « doute » il fut utile pour prendre du recul.

Fin 2015, je me suis remis à la course à pied, certain de ne pas vraiment retrouver les sensations de plaisirs que j’avais il y a quelques années. Avec l »‘âge », j’avais changé de méthode et travaillé plus la préparation et la musculation pour démarrer dans de bonnes conditions. En juin, j’ai relu cet ouvrage et j’ai retrouvé le même plaisir de lire l’expérience d’Haruki Murakami car elle résonne dans nos expériences personnelles et dans nos défis personnels. Cette fois l’ouvrage s’est avéré utile non pas dans le doute mais dans le prolongement de réflexions personnelles sur la construction d’un avenir.

Alors que vous soyez coureur ou non, cet ouvrage est pour tous ceux qui veulent aller loin et se réaliser avec un brin d’auto-analyse, de sagesse socratique et et d’introspection orientale.

A lire et relire.